Article de Trends-Tendances, au cœur de l’affaire Reynders-ING - Julien Uyttendaele
Affaire Reynders: les banques contraintes de surveiller les "personnalités politiques exposées"

Dans l’article de Trends-Tendances, au cœur de l’affaire Reynders-ING, la question du respect des règles anti-blanchiment relatives aux personnes politiquement exposées (PEP) interpelle.

Me Julien Uyttendaele, avocat pénaliste et ancien parlementaire pendant dix ans, porte un regard critique sur cette affaire. Malgré la prudence de rigueur faute d’accès à l’enquête, ce qui est sorti dans la presse l’interpelle.

Au prisme de son expérience personnelle, il rappelle les contraintes qu’impose ce statut dans les relations bancaires : contrôles systématiques, justifications permanentes, y compris pour les opérations les plus banales.

Dès lors, constater qu’entre 2008 et 2018 des dépôts en cash dépassant régulièrement les 3.000 euros aient pu passer sans réaction immédiate de la banque lui paraît « doublement étonnant et préoccupant ».

Me Uyttendaele questionne donc le fait qu’une personnalité de premier plan ait pu échapper à une surveillance qui se veut implacable.

Pour lui, le contraste frappant avec la passivité supposée d’ING face aux mouvements suspects attribués à Didier Reynders soulève une question cruciale : s’agit-il d’un simple dysfonctionnement interne ou d’un trafic d’influence délibéré ? L’instruction devra clarifier cette question essentielle.

Il rappelle également que le signalement constitue le cœur de la loi anti-blanchiment et que son absence pourrait engager la responsabilité pénale, non seulement de la banque, mais aussi des personnes impliquées individuellement.

À ses yeux, l’automatisation des contrôles informatisés rend la situation encore plus incompréhensible. Concernant les PEP, le risque réel de corruption exige un devoir de vigilance renforcé. « Voilà pourquoi il serait incroyable que cet ancien commissaire européen soit passé entre les mailles du filet », insiste-t-il.

Au-delà du cas personnel de Didier Reynders, Me Uyttendaele dénonce une dérive plus large : une justice à deux vitesses, où les institutions et les puissants trouvent des issues par des transactions pénales, tandis que les particuliers moins fortunés subissent inévitablement un jugement de fond.

Un article de Olivier Mouton pour Trends Tendances 29/09/2026